mardi 11 mai 2010

J 362 : j y suis pas a Jongkong

La veille, un des gars avec qui j ai passe la fin d apres midi me dit qu il y a 45 bornes jusqu a Jongkong. Je demarre donc tranquille cette derniere journee.




Je m arrete pour demander s il n y a pas a manger dans le patelin et une femme m apporte une belle assiette de riz accompagnee de legumes et du poulet. Elle me demande : "satu lagi ?", "tu en reveux ?". Elle me ramene une assiete encore plus grosse. Je n avais plus trop faim. Impossible de finir. Elle me met tout ca dans des petits sacs et me donne une grosse platree de riz en plus.





On m avait prevenu qu il y avait beaucoup de collines. On ne m avait pas menti. Ca ne monte pas pendant longtemps mais ca ne fait que ca, des vraies montagnes russes.
En plus, ici, ils ne connaissent pas les pentes douces. Donc, depuis tres longtemps, je suis contraint a poser pied a terre dans un mur. Meme les petites motos a vitesses retrogradaient en premiere pour passer, c est dire... Mais je n aime vraiment pas pousser car j ai rien dans les bras...
En plus, les ponts de bois me forcent a freiner car ils ne sont pas alignes avec la route ce qui me fait perdre tout mon elan pour la cote a venir. Dur dur !






Pendant une pause boisson fraiche, un homme me demande ou je vais. Je lui dis Jongkong et il me montre la direction d ou je viens. "Tu es sur ?" "Bah oui, j habite la bas". Je ne savais pas qu il fallait bifurquer et quitter la route principale. Sur ma carte, cette route n existe pas et il n y a bien sur pas de pancarte pour indiquer Jongkong. Je fais donc 20 bornes pour rien.
Arrive a l intersection, je mange un bout. On me dit que j en ai encore pour 25 bornes soit en gros 2h.
Je m engage vers 13h sur cette route qui s avere defoncee et tres vallonnee.
Au bout d un moment, je ne vois meme plus le bitume tellement il y a de trous. Je me demande comment on peut en arriver a un tel point. Meme volontairement, ca doit etre dur de creuser des trous aussi profonds sur une route.
Un puissant orage me contraint a m abriter pendant 1h. D autres personnes partagent les lieux avec moi. "Il y en a pour combien jusqu a Jongkong ?" "2h a moto" "Heinnnn ?????". Ca veut dire au minumum 4h a velo voir plutot 5 alors que je pensais qu il en restait moins d une selon les dernieres infos. Je ne crois plus personnes (j ai eu plusieurs indications tout au long de la journee qui se contredisaient en permanence) et je file apres l orage.
Je suis encore oblige de pousser dans les cotes plus a cause de la boue qui me fait patiner que par l inclinaison de la pente qui n est toutefois pas mal. Mais pousser avec mes sandales n est pas chose aisee car je derape.












Le soleil se couche et je ne sais pas pour combien de temps j en ai encore. Mon contact sur Jongkong, Marcel, n arrete pas de m envoyer des sms pour me demander ou je suis. J ai envie, a un moment, de lui repondre sur la route, pres d un arbre. En effet, toutes les heures en moyenne, il m envoyait ce message et a chaque fois, je lui repondais que j en avais strictement aucune idee car il n y avait que de la nature autour de moi. Il faisait en fait comme moi, il estimait le temps qu il me resterait a arriver jusqu a lui. Mais bon, ca ne sert a rien. Il faut rouler un point c est tout. Et ce n est pas en m arretant en permanence pour repondre a ses questions que ca va me faire avancer plus vite.
Quand la nuit s installe pour de bon, la route (qui n etait qu un trou geant en fait), se transforme en piste beaucoup plus praticable. Merci. Car avec ma lampe frontale, ce n est pas evident de voir le relief et eviter les embuches me contraint a diminuer ma vitesse qui n est deja pas tres elevee.
Je rencontre un mec qui attend sur le bord de la piste. Ca a l air d etre un genre de peage car il a un petit baraquement avec des prix affiches. Je lui demande a combien de bornes se trouve Jongkong (ne me demandez pas pourquoi je persiste a prendre des infos a ce sujet, je n en sais rien) et il me dit 3 km. Quoi ? T es sur ? Je le fais repete 2 fois. Toujours la meme reponse. Dans ma tete, je n en tiens pas compte et prefere rester sur le fait qu il me reste encore plus de 2h de route, comme on me l avait annonce pendant la pluie. Et j ai raison de ne pas m emballer car quelques centaines de metres plus loin, je m arrete devant un restau de route et le mec me dit qu il me reste 23 km. Ca semble plus coherent.
En suivant 2 nuages qui se faisaient une competition d eclairs (je n ai jamais vu un ciel aussi electrique que celui de Borneo, c est magnifique), je tombe sur une route bitumee en parfaite etat. Le bonheur. Je mange ce qu il me reste de ce matin puis je repars. Malheureusement, le beton s arrete pour faire place a une piste pourrie. Je me disais pourtant que plus je m approchais de Jongkong et plus le "reseau routier" serait bon mais ce fut une erreur.
Alors que, pour eviter de perdre plus de temps, je repondais a mes messages en roulant, je vois un peu tard un gouffre et n ai pas le temps de refermer ma poche ou je glisse mon telephone et saute sur les freins. Je m arrete. Plus de telephone. Oh non ! Je plonge alors ma main dans la boue qui recouvre le trou et sonde le fond. Il faut absolument que je le retrouve car c est mon seul contact avec Marcel. Je me dis qu il doit etre ailleurs car je n ai pas entendu de plouf. Apres une quinzaine de minutes, je le retrouve finallement bien cache sous des herbes, intact. Ouf !
J arrive a Jongkong vers 20h30 apres 85 km au lieu des 45 dont on m avait parle.
Je dors chez Gugun, un ami de Marcel ou je suis tres bien recu (et bien sur l attraction du voisinage).



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